La biophilie (BH) est la croyance selon laquelle les êtres humains sont génétiquement prédisposés à être attirés par la nature. Selon cette théorie, tous les êtres humains aiment, intrinsèquement, l’univers naturel. Cette idée, selon laquelle nous sommes attirés par et nous avons besoin de la nature a été formulée, pour la première fois, par Edward O. Wilson, dans son livre Biophilia (1984).
Cette idée a été adaptée à différents domaines d’étude. La biophilie a été utilisée pour soutenir l’idée selon laquelle les hommes et les femmes sont plus sains quand ils sont en contact avec la nature. La biophilie est même devenue populaire au sein du mouvement de la conception écologique, du recyclage des matériaux et de l’architecture écocompatible.
En 1991, le chercheur Roger Ulrich a élaboré, pour expliquer nos réactions émotionnelles et physiologiques face à la nature, la Théorie de réduction du stress [Stress Reduction Theory (SRT)], à partir de nombreuses études réalisées, notamment, dans les hôpitaux. Selon cette théorie, le fait de regarder des paysages naturels – avec de la verdure ou des cours d’eau – crée des émotions et des sensations positives qui stimulent l’intérêt et procurent du plaisir et du calme. Cela apaise et réduit le stress causé par une situation difficile. Notre état d’esprit s’améliore rapidement, de manière spontanée.
Par ailleurs, la théorie élaborée par Rachel et Stephen Kaplan, dite de Restauration de l’Attention [Attention Restauration Theory(ART)] (Kaplan & Kaplan 1989 & 1995) suggère que le contact avec la nature ou le fait d’observer la nature peut réduire la fatigue mentale et améliorer la concentration. La capacité du cerveau de se concentrer sur un certain stimulus ou sur une tâche spécifique est limitée et donne lieu à une ‘fatigue de l’attention dirigée’. L’ART suggère que l’exposition à l’environnement naturel favorise un fonctionnement cérébral plus spontané, permettant au cerveau de récupérer et reconstituer sa capacité d’attention dirigée. Si vous voulez en savoir plus sur la théorie de Kaplan, suivez ce lien vers l’article suivant :
Ohly, Heather et. al.:
Attention Restoration Theory: A systematic review of the attention restoration potential of exposure to natural environments.
Journal of Toxicology and Environmental Health, Part B: Critical Reviews. Volume 19, No. 7, 2016, pp. 305-343.
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10937404.2016.1196155Selon la Théorie de Kaplan (cf. Ohly, Heather
et. al., 2016), pour avoir un effet apaisant,
l’environnement naturel doit posséder les quatre
propriétés suivantes, à savoir:
- Etendue: l’environnement doit être
suffisamment étendu pour que l’on ait
l’impression d’être véritablement immergé
dans la nature - Eloignement: un lieu éloigné et
déconnecté des activités habituelles - Fascination discrète : des aspects de
l’environnement qui attirent naturellement
l’attention. - Compatibilité: la volonté de l’individu de
s’immerger dans la nature et d’en
apprécier les qualités.
On estime que la fascination joue le rôle
essentiel, les trois autres propriétés servant à
améliorer et maintenir la fascination.
Les résultats de ces recherches indiquent que
les espaces verts résidentiels peuvent jouer un
rôle bénéfique pour le développement
intellectuel et comportemental des enfants
vivant en milieu urbain. Ces résultats sont
importants pour permettre aux responsables
politiques et aux urbanistes de créer un
environnement optimal dans lequel les enfants
puissent développer pleinement leur potentiel.
Il semblerait également que les populations qui
vivent dans des conditions d’exclusion et de
pauvreté soient davantage susceptibles de
bénéficier de ces effets positifs. Les parcs étant
des environnements auxquels on peut accéder
librement, l’amélioration de ces opportunités
récréatives peut bénéficier tout particulièrement
aux personnes qui n’ont pas la possibilité
d’accéder à des loisirs payants.
Le fait de vivre dans des quartiers dotés
d’espaces verts réduit de manière significative
les inégalités en matière de santé qui sont liées
aux revenus, contrebalançant ainsi l’effet des
privations. Les espaces verts ou les parcs
publics limitent les inégalités sociales.
Notre récente étude (Nurminen et al. 2021)
suggère que le contact avec un environnement
agricole (avec des terrains non-irrigables, des
vergers et des cultures de petits fruits, des prairies, des pâturages naturels, des terrains
principalement occupés par des exploitations
agricoles avec des espaces de végétation
naturelle et des forêts) dans la première
enfance diminue le risque de développer un
diabète de type 1.
La nature améliore la santé et contribue à
rendre les gens plus heureux.
Tiré de : Varpu Wiens, RMH Online
training: Promoting Welfare and Citizenship in
Rural Communitites, 9 juin 2021.

Baklien, Børge; Ytterhus, Borgunn & Bongaardt, Rob
When Everyday Life Becomes a Storm on the Horizon: Families' Experiences of Good Mental Health while Hiking in Nature
Anthropological Medicine, Vol. 23, No. 1, 2016: pp. 42-53.
Cet article souligne la croyance, très ancrée – sur laquelle se fonde la biophilie – selon laquelle la nature aurait un effet positif inné sur la santé, en examinant l’expérience des familles norvégiennes avec des enfants en bas âge qui se promènent dans les bois. Il montre qu’une simple randonnée dans les bois permet de créer un espace pour les familles, dans leur vie de tous les jours largement dominée par des relations avec des personnes extérieures à la famille, que ce soit sur le lieu de travail ou dans le cadre des loisirs. Les familles génèrent activement un autre type d’existence par une présence réelle qui est susceptible de renforcer les relations familiales et de fournir l’opportunité de transmettre des expériences dont les futures générations se souviendront et qu’elles pourront perpétuer.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26208677/Rigolon, Alessandro; Browning, Matthew; McAnirlin, Olivia & Yoon, Hyunseo:
Green Space and Health Equity: A Systematic Review on the Potential of Green Space to Reduce Health Disparities. International Journal of Environmental Research and Public Health, Vol. 18, no. 5, 2021.
International Journal of Environmental Research and Public Health, Vol. 18, no. 5, 2021.
L’état de santé des populations défavorisées, dans le monde entier, à savoir les couches les plus pauvres et les minorités ethniques/raciales, est inférieur à celui des populations les plus favorisées, notamment les classes plus riches et les « blancs ». Cet article utilise les sujets favoris des études systématiques et des méta- analyses (PRISMA) et examine cinq bases de données (CINAHL, Cochrane, PubMed, Scopus et Web of Science) à la recherche de publications qui ont analysé l’influence des conditions socio-économiques (SES) ou de la race/l’origine ethnique sur l’association entre espaces verts et santé. Les chercheurs ont découvert que les personnes appartenant à des classes moins favorisées du point de vue socio- économique montrent des effets plus positifs que les personnes appartenant à des classes plus favorisées, notamment en ce qui concerne les espaces verts/parcs publics plutôt que la couverture végétale/verdure. Aucune différence notable n’a été identifiée entre les races /groupes ethniques dans les effets protecteurs des espaces verts. Ces résultats suggèrent, dans leur ensemble, que les espaces verts pourraient être utilisés comme outil pour faire progresser l’équité en matière de santé et fournir aux urbanistes, aux gestionnaires de parcs publics et aux professionnels de santé publique des moyens de remédier aux inégalités en matière de santé.
https://www.mdpi.com/1660-4601/18/5/2563/htmGianfredi, Vincenza et.al.:
Association between Urban Greenspace and Health: A Systematic Review of Literature.
International Journal of Environmental Research and Public Health, Vol. 18, no. 10, 2021.
Cette étude vise à explorer l’ association entre les espaces verts urbains et les indicateurs de santé. La quasi-totalité des études ont découvert une association positive entre les espaces verts urbains et les résultats, mesurés de manière objective, en termes d’activité physique et de santé mentale. Cependant, il ne suffit pas de garantir l’accès. L’entretien et la rénovation des espaces, la proximité des zones résidentielles, la planification d’activités interactives et les aspects ayant trait à la sécurité perçue constituent des éléments importants. Globalement, malgré certaines limites méthodologiques des études prises en considération, les résultats ont montré de manière presque unanime que les espaces verts urbains présentent des effets potentiellement bénéfiques sur la santé physique et mentale et le bien-être.
https://www.researchgate.net/publication/351535687_Association_between_Urban_Greenspace_and_Health_A_Systematic_Review_of_LiteratureRojas-Rueda, David; Nieuwenhuijsen, Mark; Garscon, Mireia, Perez-Leon, Daniela & Mudu, Pierpaolo:
Green spaces and Mortality: A Systematic Review and Meta-analysis of Cohort Studies. The Lancet. Planetary Health. Vol. 3, no. 11, 2019: epp. 469-477.
Les espaces verts ont été présentés comme un facteur déterminant pour la santé, capable d’améliorer, de différentes manières, l’état de santé et le bien-être. Cette étude examine de manière systématique les données épidémiologiques fournies par des études longitudinales sur les espaces verts et leur association avec la mortalité, toutes causes confondues. Les chercheurs ont découvert une baisse de la mortalité, toutes causes confondues, associée à la présence d’un environnement vert. Des interventions visant à accroître et gérer les espaces verts devraient donc être envisagées dans la stratégie de santé publique.
https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(19)30215-3/fulltextRossiter Hunter, MaryCarol; Gillespie Brenda W & Chen, Sophie Yu-Pu
Urban Nature Experiences Reduce Stress in the Context of Daily Life Based on Salivary Biomarkers.
Frontiers in Psychology, No. 4, 2019. Cette étude décrit les relations entre la durée de « l’expérience naturelle » (NE), et les modifications de deux marqueurs physiologiques du stress : le cortisol salivaire et l’alpha-amylase. Ces deux études fournissent aux professionnels de santé un point de départ validé pour la prescription d’une pilule naturelle (homéopathique) à leurs patients. Ce type d’étude vient à point nommé compte tenu de l’expansion de l’urbanisation et de l’augmentation des frais de santé.
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.00722/full